Dix ans après un périple des plus fascinant, qui nous avait valu entre autres de belles poilades (remember Galou et son eau de Cologne/digeo) et suite aux invitations répétés du Niño (alias Jérôme vieille connaissance mazamétaine), je me suis enfin décidé à me bouger les fesses et revenir en Turquie.
Cette fois pas accompagné d'une bande de joyeux lurons alcooliques, mais simplement de ma "compagne" du moment, je veux bien sûr parler de mon voisin mais néanmoins ami Cyril.
Donc ci-après racontage en lettres et en images de notre semaine stambouliote.
Malgré une veille de départ fort agitée, qui a valu quelques embardées à mon bulldozer, nous arrivâmes à bon port le samedi soir à l'aéroport Atatürk. Le temps d'attendre un Jéj bien retardé par les embouteillages, nous filons (et ce malgré nos gueules de déterrés) directement place Taksim histoire de humer un peu le vent de la révolte. Le bus nous dépose au bas de la colline de Galata (circa Taksim) côté Kasim Pasha (quartier d'où est originaire cette vieille quenelle de Tayyip Erdogan) dans l'espoir de trouver un taksi qui nous dispenserait d'une ascension de col hors catégorie à une heure indue pour nos vieilles carcasses saturées de toxines. Bien évidemment hors de question pour un chauffeur mal embouché et politiquement mal engagé de nous monter chez les tchapouljdjou (en phonétique, synonyme de vandales en turc, c'est le nom donné aux révoltés par Erdogan et que ceux-ci se sont approprié sous forme de boutade, confère les T-shirt "everyday i'm çapulcing") de la place Taksim; nous faisons fi des mise en garde contre ces révolutionnaires qui s'attaquent à tout ce qui bouge, pour s'atteler à la montée, l'objectif étant de laisser d'abord nos affaires au lycée Galatassaray où travaille Jérôme et qui se trouve dans la rue Itsiklal menant à la place.
Après moultes discussions avec le gardien de permanence qui ne semble pas connaître Jérôme (ni sa détermination légendaire), nous arrivons à laisser les bagages. L'ambiance est incroyable ça chante, ça picole, ça scande des Tayyip istifa (démission). Il y a une foule immense dans une ambiance festive, mais on voit que ça a du chauffer grave ces derniers jours, en témoignent les nombreuses carcasses de bus, voitures et autres barricades. On sent que c'est le répit après la bataille (mais aussi malheureusement avant), et que tout le monde est fier et heureux d'avoir résisté, de porter une parole et une volonté de liberté... J'avoue que tout cela m'a profondément ému et touché, conscient que le pays était en train de vivre un moment fort de son histoire. Je ne vais pas trop m'étendre sur ce sujet et surtout ne pas me lancer dans une explication du pourquoi et du comment, mais je vous invite fortement à trainer sur le net pour récupérer les infos (bien sûr pas la peine de regarder le 20h qui a bien plus à dire sur les épreuves de philo du bac...).
Nous continuons notre balade sur le parc Gezi (épicentre et point de départ de la révolte) où se mêlent les tentes, les stands, les chants et les gens toujours dans une ambiance bon enfant; on a du mal à imaginer après coups le déchaînement de violence de ces putains de flics; pour mémoire 4 morts, plus de 7 000 blessés dont 1500 grièvement... à côté nos CRS passent pour de gentils babas-cool. Allez jeter un oeil sur le site de Libé et du Monde pour voir un peu à quoi ça ressemble... en tout cas avec Cyril on était prêts à mettre quelques pampes après coup!!!!
Voilà après ce bain de foule revigorant on "commence à sentir la fatigue", on passe donc récupérer les affaires et choper un taksi (là encore longues palabres pour négocier un tarif correct) pour filer à Kadiköy sur la rive asiatique où habite le Jèj...
Yep voilà pour ce premier soir, on en a pris plein la figure on va se coucher histoire de récupérer un peu de ces dernières 24h...
Au réveil le dimanche matin récupération n'est pas vraiment le terme qui nous vient à l'esprit, notre sommeil ayant été quelque peu perturbé par les ronflements de chacun (et non mon nez ne s'est pas débouché depuis la tournée...). Pas grave Jérôme nous prépare un bon p'tit dèj à la Turque, çay (prononcer tchay, c'est le thé), fromage, olives, tomates, concombres, Börek (beurek, feuilletés fourrés à la viande, épinards ou patates), Simit (espèce de bagel recouvert de graines de sésames, mon pêché mignon, on en trouve partout dans la rue, c'est vous dire la cure que j'ai pu faire!!!), oeufs brouillés au suçuk (saucisse épicée), ouah on se fait péter le bide et on se met d'emblée dans le rythme pantagruélique qui sera le notre pendant tout le séjour...
Après ce festin on va un peu se dégourdir les jambes dans le quartier... Kadiköy est donc sur la rive asiatique en bordure du Bosphore. Vu sur la corne d'or et ses monuments historiques, vu sur le Bosphore et sa nuria d'embarcations éclectiques (de la barque de pêcheur aux gigantesques cargos en transit vers la mer noire ou la méditerranée), Kadiköy offre une ambiance très turque, c'est à dire melting pot de traditions anatoliennes et d'influences occidentales très marquées (en témoigne les nombreux bars servant de l'alcool).
La balade est sympa et digestive, mais déjà la soif se fait sentir... qu'à cela ne tienne les terrasses en arrière cour ne manquent pas et nous nous mettons en devoir d'en essayer quelques unes... Le coin est vraiment charmant et agréable tout comme ses habitantes d'ailleurs (nous frôlons le torticolis) et s'est un vrai régal de retrouver un peu de chaleur et de soleil... aller un petit Iskander et au lit!
En route pour la balade! |
Vue sur la Corne d'Or donc... |
Jérôme au marché |
Partout Taksim, Partout la révolte! Kadiköy est un bastion de l'anti AKP |
La vie est belle non? |
Mais si Cyril! |
Moi ça m'inspire en tout cas... |
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